En 1968, le but de mes recherches fut de contribuer à la compréhension de la biochimie des lipides lors de la myélinisation normale et pathologique chez l'homme, en étudiant les mutants animaux dysmyéliniques. A travers la myéline, était posé l'un des grands problèmes de la biologie moderne : comment s'élabore, fonctionne et se renouvelle une membrane, schématisée par une bicouche lipidique.
Depuis lors, mes travaux sont globalement axés sur la compréhension du rôle structural et fonctionnel des lipides membranaires ; en particulier celui des acides gras : leur nature, leur origine, leurs mécanismes de synthèse, leurs métabolismes, leurs implications dans la physiologie membranaire et le fonctionnement d'organes.
Globalement, avec ma nomination comme Directeur de l'Unité 26, mon champ de recherche s'est normalement prolongé vers l'étude du rôle et du métabolisme des acides gras polyinsaturés (leurs effets sur la structure et la fonction des membranes du système nerveux). Par ailleurs, mes axes de recherches se sont élargis par la responsabilité de nouvelles thématiques : le rôle du transport axonal dans l'élaboration de la myéline, étudié à l'aide de toxiques touchant les neurofilaments ou les microtubules diminuant la synthèse schwannienne des lipides myéliniques ; la barrière hémato-encéphalique in vivo et in vitro ; l'immunotoxicothérapie.
J'ai pu aussi élargir l'étude des lipides : leurs transports à travers la barrière hémato-encéphalique ; le métabolisme des cellules endothéliales, des capillaires et microvaisseaux cérébraux et ses implications en pathologie vasculaire ; la protection des lipides contre les peroxydations, en particulier au cours du vieillissement ; les relations entre phospholipides et métaux lourds ; le contrôle de la fluidité des membranes par les acides gras.
1 - Les résultats de mon laboratoire portant sur le métabolisme des lipides ont permis de comprendre certaines leucodystrophies humaines dont l'une est en outre caractérisée par un défaut dans le métabolisme des acides gras.
Concernant les mutants neurologiques, nous avons été parmi les premiers à réaliser leur description (Quaking, Jimpy, Shiverer) et les premiers pour le Trembler (système nerveux périphérique). La mutation Shiverer est due à une absence de protéines basiques, d'où l'impossibilité d'élaborer la ligne dense majeure de la myéline ; le mutant mld est son allèle. Chez le mutant Quaking qui fabrique une myéline immature incapable d’évoluer, j’ai proposé l’existence d’un arrêt précoce de la myélinogénèse. Le mutant Trembler présente une dysmyélination avec synthèse et dégradation permanentes de la myéline du nerf périphérique, associée à une augmentation remarquable de la synthèse des sulfatides et à des anomalies des jonctions neuromusculaires.